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Histoires des Chaprais

28 février 2022

La grande grève des Lip, en 1906, rue des Chalets (1er article)

Le Collectif Histoire des Chaprais à l’ASEP a organisé deux conférences sur Lip de 1867 à 1962. Car durant 35 ans le comptoir Lipmann était installé au 14 Grande Rue (passages Pasteur actuels) dans l’ancien Hôtel de l’Intendance.

lip affiche conf 001 (2)

lip conférence 1er février 001 (2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis, en 1902, une usine moderne est construite à la Mouillère, rue des Chalets. Et la marque LIP adoptée en 1908 restera à cette adresse avant de déménager, en 1962, à Palente dans une usine encore plus moderne et 10 fois plus grande que la précédente…

Lip pub 1903

 

PublicitéFrance Horlogère 1903

A cette occasion, l’historien bisontin bien connu, M. Joseph Pinard, nous a fait parvenir un article qu’il avait rédigé en avril 2010 pour le Bulletin des Amis de la Maison du Peuple et de la Mémoire ouvrière de Besançon. Dans la rubrique « Luttes de jadis… » Joseph Pinard évoque la grande grève de 1906 des ouvriers des Lipmann Frères qui a duré 36 jours ! Avant que ces ouvriers n’obtiennent, en grande partie, satisfaction.

Aussi sommes-nous allés à la recherche de documents historiques attestant cette grève dont Le Petit Comtois de l’époque fit assez peu de cas…

Tout d’abord, examinons quand, comment et pourquoi cette grève éclate ?

Après le refus des Frères Lipmann d’accorder un tarif minimum à leurs salariés que deux fabriques bisontines (Utinam et Kummer) viennent d’accepter, les ouvriers réunis (300 horlogers) le jeudi 30 août 1906 à la salle du Palais Granvelle votent, à bulletin secret, la suspension de leur travail pour le lendemain vendredi 31 août. Il convient de rappeler qu’à cette époque, on travaillait le vendredi et le samedi. L’horaire de la semaine de travail à la Fabrique Lipmann est alors  de 57h30 !

Et la grève est effective dès le lendemain. On ne sait si elle concerne l’ensemble des salariés, mais elle va s’installer dans la durée, puisqu’elle ne se termine que….le mardi 6 octobre1906. Et nous examinerons plus loin comment !

Cette grève va se dérouler calmement semble-t-il. Le Petit Comtois du vendredi 5 septembre 1906 (alors qu’il s’était refusé à insérer toute communication concernant cette grève) publie dans la rubrique Faits Divers cette note….

Lip greve 1906 Petit Comtois 5 10 1906

Le syndicat des ouvriers horlogers proteste aussitôt et dès le lendemain, Le Petit Comtois insère la protestation du syndicat sans aucun autre commentaire.

Lip greve 1906 Petit Comtois 6 10 1906

Les Frères Lipmann essaieront de faire part de leur point de vue sur ce tarif minimum imposé, les salaires versés dans leur fabrique, arguments repris un à un par le syndicat des horlogers analysés et exposés dans le journal « Le Socialiste Comtois ».

Lip grève 1906 Petit Comtois lundi 3 septembre 1

Lip greve 1906 Petit Comtois lundi 3 septembre 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils feront également deux tentatives afin de briser cette grève :

- la première concerne un avis licenciant les grévistes et les enjoignant de venir chercher leurs outils personnels dans les ateliers (en effet les ouvriers doivent acheter leurs outils pour pouvoir travailler)…

- la seconde, c’est le recrutement de « jaunes » pour remplacer les grévistes. Et c’est à ce sujet que M. Joseph Pinard a rédigé son article. Nous le citons (avec sa permission…), lui-même reprenant un article paru, à ce sujet dans Le Socialiste Comtois.

socialiste comtois 1906

« Quelques ouvriers (pas des frères ceux là !), sans vergogne, sans pudeur, et qui mériteraient plutôt la schlague que du pain, ont cru bon de prendre la place des grévistes.

À l’arrivée de chaque Sarrazin, une bordée de coups de sifflet se fait entendre et, juste retour des choses d’ici-bas, ces sifflets stridents teintant aux oreilles des lèches bottes de Messieurs Lipmann était les mêmes que ceux-ci avaient achetés au moment de l’Affaire Dreyfus afin de les distribuer aux ouvriers pour manifester contre les hordes nationalistes. Sûrement Messieurs Lipmann ne supposait pas que leurs propres armes sur retourneraient contre eux.

Pour protester contre ces manœuvres, la commission de grève avait décidé que les grévistes iraient manifester, pacifiquement, à l’entrée des renégats à l’usine.

Aussi mercredi à deux heures tous les grévistes ainsi que bon nombre de membres du syndicat, se trouvaient réunis près de l’usine.

Pendant la manifestation voici qu’arrive le patron conduisant son automobile, silence complet, pas un coup de sifflet. Ce qui en aura sûrement bouché un coin audit patron.

Tous les bons apôtres de l’usine ayant réintégré leur banc de honte, les grévistes rentrèrent en ville en chantant l’Internationale.

Pendant tout le temps de la manifestation, le commissaire de police des Chaprais, avec quelques agents et gendarmes contemplaient passivement cette manifestation. Au moment où les grévistes se retiraient, M. Camille Lipmann s’avançant près du commissaire de police, l’invective d’importance, lui reprochant de ne point avoir lancé sa meute policière contre ces brigands d’ouvriers qui osaient venir le braver lui, patron, jusqu’au seuil de sa porte. Nous n’avons pas entendu la réponse du commissaire de police, mais aux gestes qu’il faisait, à l’animation de ses mouvements, nous avons deviné qu’il envoyait à la balançoire ce maître fougueux, politicien radical et… socialiste quand il ne s’agit pas de ses intérêts personnels mais devenant réactionnaire enragé pour défendre la caisse. »

Pour bien comprendre cette histoire de sifflets, poursuit Joseph Pinard, il faut remonter au 9 février 1900. Ce jour-là, les antidreyfusards avaient programmé un meeting au Kursaal. Les syndicats, la Gauche socialiste et radicale s’organisent pour saboter la réunion. Les opposants chantent la Carmagnole. Le journal de droite La Franche-Comté écrit :

« 400 énergumènes sifflent avec rage dans les sifflets que leur a donnés le juif Lipmann… bientôt les chaises volent de tous côtés ».

La Franche Comté

 

La bagarre est-elle que le commissaire de police dissout la réunion. Le lendemain, Le Petit Comtois titre triomphalement : « Effondrement des nationalistes », tandis que les socialistes adressent « leurs plus sincères compliments à tout Besançon républicain pour l’œuvre de salubrité anti nationaliste qu’il a accomplie ».

conférence patriotique Petit Comtois 11 février 1900Le Petit Comtois 11 février 1900

La Franche-Comté dénonce de son côté, les « braillards à la solde des juifs ». Cet épisode donne l’occasion de réfléchir sur la complexité de notre histoire sociale : il est arrivé que les ouvriers et une fraction du patronat républicain se retrouvent côte à côte pour faire barrage aux réactionnaires qui espéraient bien exploiter l’Affaire Dreyfus pour abattre la République. À d’autres moments, les clivages sociaux l’emportaient et la classe ouvrière s’opposait au patronat. Dans un tel contexte, les mêmes sifflets pouvaient servir à des fins très différentes ».

 Joseph Pinard, agrégé d’Histoire, ancien député du Doubs

Cette longue grève de 1906 révèle d’autres renseignements et surprises que nous évoquerons dans un prochain article.

JCG

 

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10 juin 2021

Je me souviens de la maison que nous avions construite 13 rue des Oiseaux….

Après avoir évoqué le bureau de tabac de son oncle, Denis Arbey feuillette et commente son album photos et nous livre cette fois ses souvenirs liés à la maison de sa famille.

Comme le montre cette photo, les fondations de notre maison ont été faites à la pelle et à la pioche par mon père, mes deux grands-pères et mon oncle. A l’époque, il fallait implanter une fosse sceptique pour les eaux usées. Et c’est la famille qui l’a réalisé, ainsi que la charpente, avec l’aide d’un professionnel. La pose des tuiles, l’isolation, la pose du parquet ont été faits par nous-mêmes.

D A photo maison 1

A gauche, André Weidner mon grand-père maternel; au centre, mon oncle Jean David et à droite Auguste Arbey mon grand-père paternel

Nous avons emménagé dans notre maison en 1953, à la naissance de notre sœur Patricia. Avec Patricia nous sommes trois enfants : Alain est né en 1948, et moi, Denis, en 1949.

D A photo maison 2

Avec mon père : à gauche mon frère Alain, puis Patricia la soeur et à ses côtés, je suis derrière mon père

A cette époque, la cité parc des Chaprais n’existait pas. A la place était la maison qui appartenait à la famille UBEL et que nous appelions le château.

chateau filippi 003 (2)

Le Château alors rue de Belfort

05

Rue des Oiseaux, il n’existait qu’une seule maison au n° 11 appartenant à la famille VERDET.

J’ai vu la Cité Parc se construire en 1955 et les premiers habitants s’y installer. Il existait encore alors des prés de chaque côté de la rue. Le foyer des Oiseaux n’existait pas encore. Il ouvrira ses portes en 1963.

La maison fut vendue en 1970 à Mme et M. Lanquetin,. J’étais alors militaire à Auxerre. Puis elle a été revendue en 2019. Nous y avons donc vécu 17 ans et j’y ai passé toute mon adolescence.

 

Denis arbey jeune

Denis devant le portail de sa maison

denis arbey maison 2

La maison entourée de son verger

J’ai eu la chance de pouvoir la visiter en 2018. J’ai alors revécu, dans chaque pièce, des moments de ma jeunesse. Des souvenirs jaillissaient dans ma tête, comme des séquences de films.

J’avais rajeuni de 50 ans en quelques secondes.

 

Denis ARBEY

Photos collection D. Arbey Tous droits réservés.

9 juin 2021

Lorsque le Consulat d’Italie était aux Chaprais…

Qui se souvient encore que le Consulat d’Italie fut un temps installé aux Chaprais ? Cela date d’avant la seconde guerre mondiale cat nous avons trouvé des adresses autres comme en 1902 où il était 41 Grande Rue ou plus tard, rue Pasteur. Il faut préciser que ce consulat est créé dès 1872 à Besançon, alors que l’on n’y compte que 166 italiens en 1876 et environ 200 en 1888.

Et c’est Anne-Laure Charles qui nous révèle cet événement historique dans sa thèse de doctorat Besançon à travers la Seconde Guerre Mondiale soutenue avec succès en février dernier : Le 10 juin 1940, date de la déclaration de guerre de l'Italie à la France, des incidents se produisent à Besançon dont la mise à sac du consulat d'Italie installé.... 15 rue Suard dans une petite maison. Les bureaux sont au rez de chaussée et l'appartement du consul M. Stivanin est au premier étage. La population italienne de Besançon est estimée alors à 1 200 personnes.

P1160100

Si cet événement fit grand bruit au niveau de la préfecture, par contre la presse locale n’en souffle mot.

Les violences ont commencé vers 20h30 devant le poste de police de la Madeleine : un homme qui est pris pour un italien est passé à tabac. Puis, rue de Pontarlier un café tenu par un ressortissant italien a les vitres brisées de même le magasin de mode Nanncini 61 rue des Granges.    

Le rapport de police est daté du 11 juin 1940 rapporte la doctorante. Il indique également :

« A 21h25, une masse de 500 personnes environ en majeure partie composée de jeunes gens, la plupart excités, survenait du centre de la ville et se portait délibérément à l’avant du premier barrage, tout en chantant la Marseillaise et en poussant des cris hostiles à l’Italie. »

consulat italie incidents

Anne-Laure Charles relève :

 « Après ces débordements du 10 juin, les portes de cette maison sont restées ouvertes sans que des scellés y soient posés. Requis par Sylvio Baroni, chargé d’affaires par le gouvernement italien, l’huissier près le Tribunal de première instance, Maussire, procède le 30 août au constat des dégâts. En résumé du procès verbal, les clôtures, dalles en pierre de taille, grilles, volets, portes et vitres sont été ravagés et sont dispersés dans la cour. En accédant aux bureaux, l’huissier constate « le plus grand désordre » : des documents ont été déchirés, souillés et jetés pêle-mêle, le matériel (encrier, meubles, classeurs, porte plume, machines à écrire, etc.) saccagés, les vitres brisées et le tuyau d’eau tordu et arraché. Les appartements privés au premier étage ont leurs fenêtres et vitrerie brisées, les meubles sont ouverts, et les lots, qui semblent avoir été récemment occupés, sont souillés. » rapporte dans sa thèse Anne-Laure Charles.

Il est vrai que dès le 16 juin 1940, Besançon était occupée par l’armée allemande.

Les dégâts sont estimés au final à 58 748 francs dont la disparition d'une somme de 1 850 francs. La liste des biens volés ou détruits est dressée avec précision.

Après beaucoup d'échanges administratifs, la ville réglera la somme de 55 000 francs le 19 avril 1942.

consulat d'italie certificat

Le consul sera relogé provisoirement au 13 rue Suard. Puis, ensuite au 24 avenue Carnot avant sa suppression, semble-t-il, en 1947.

consulat d'Italie 22 01 1941 P C

Paru dans Le Petit Comtois du 21/01/1941

JCG

9 juin 2021

Ces maires de Besançon qui habitaient les Chaprais… Claude César Convers (1)

A notre connaissance, quatre anciens maires, aujourd’hui décédés, résidaient aux Chaprais alors qu’ils exerçaient leur mandat d’élu.

Aussi allons-nous apporter quelques précisions les concernant.

Premier de la liste, Claude César CONVERS (1796-1864). Il est né à Besançon le 15 décembre 1796. Nous savons peu de choses concernant sa famille. Son père, Jean-Baptiste avait 30 ans à la naissance de son fils. Il est mort à Saône en 1839.Sa mère, Jeanne Blondeau est décédée la même année.

convers

Claude César Convers est présenté, selon les sources, comme ingénieur manufacturier, ou architecte et/ou professeur de géométrie et de mécanique.

C’est, semble t-il, à ce titre qu’il a l’idée de créer et de donner, en 1823, des leçons de mathématiques appliquées aux ouvriers de l’industrie. Il le fait jusqu’en 1837.

Durant 14 ans il commande l’escadron d’artillerie de la Garde Nationale qu’il a créé et qui est considéré comme un corps d’élite qui rivalise avec les autres corps d’armée régulière.

Il est nommé au conseil municipal en 1830. Comme souscripteur du livre (paru sous forme de 3 volumes) de Victor Considerant, Destinée Sociale, il est considéré comme fouriériste. Le premier volume de cette étude qui reprend et développe les idées du bisontin Charles Fourier est parue en 1834.

C’est un républicain, élu député le 1er août 1846 (jusqu’au 24 février 1848) comme candidat de l’opposition. Il devient maire de la ville, nommé par le Préfet le 8 mars 1848, en remplacement du banquier Louis Bretillot. Il est réélu député le 23 avril 1848 et ce jusqu’au 26 mai 1849. Sous le second empire, il est bonapartiste.

Il a été maire à une époque difficile de la République. Il aurait su, en cette période troublée, conserver ordre et sécurité dans notre ville. C’est ainsi qu’il expulse le commissaire du gouvernement dont il nous est dit qu’il signait des arrêtés illégaux à même de mettre en péril la ville (voir Histoire de Besançon sous la direction de Claude Fohlen, éd. Cêtre). De ce fait il sera révoqué puis renommé….

Il est remplacé comme maire par l’avocat Clerc de Landresse, en 1855.

Au recensement de 1861, il est indiqué qu'il réside 56 rue des Chaprais avec une domestique. Il est alors quasiment aveugle.

convers recensement 1861

Il décède à Besançon le 18 janvier 1864. Il est enterré au cimetière des Chaprais, mais sa tombe esr recouverte de lierres et les inscriptions sur la stèle deviennent illisibles.

convers acte décès

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JCG

A suivre...trois autres maires de Besançon habitaient les Chaprais....Les connaissez-vous?

 

14 mars 2021

Je me souviens du bureau de tabac de mon oncle….rue de Belfort

En 1953, (j’avais alors à peine 4 ans), nous aménageons dans une grande maison construite par mes parents au 13 rue des Oiseaux. Je me souviens également très bien de cette maison et je vous en conterai également l’histoire… dans un autre article.

Depuis 1952, mon oncle, Raymond ARBEY est installé dans le quartier, au 125 de la rue de Belfort : il y tient un bureau de tabac. Il succède semble-t-il à M. Gantner qui, dès avant la seconde guerre mondiale tenait, à cette adresse un commerce d’épicerie et de fruits et légumes. Il ajoute après la seconde guerre mondiale le tabac à son commerce.

Mon oncle Raymond va tenir ce commerce jusqu’en 1963. Autant dire l’âge qui aurait pu être celui de mes premières cigarettes. Mais je ne fumais pas…

bureau tabac arbey rue de B D A

Sur cette photo de ma collection personnelle, voici donc la boutique de mon oncle Raymond. Les personnages qui posent fièrement devant ne sont autres que mon jeune cousin Gérard, fils de Raymond et le beau-père de Raymond.

Le cadrage de cette photo amateur ne permet pas de voir la fameuse « carotte » obligatoire en France depuis 1906 afin d’annoncer la vente de tabac.

carotte ancienne

Elle doit représenter, en fait, un rouleau de feuilles de tabac ficelées qui ressemblait, à l’origine, à une carotte. Et sans vouloir établir une histoire exhaustive du tabac, rappelons que les premières graines de tabac sont rapportées en Europe vers 1520. Que l’Etat comprend très vite les profits qu’il peut en tirer puisque Richelieu dès 1629 instaure un impôt sur le tabac. En 1681, c’est le monopole de l’Etat sur la fabrication du tabac, supprimé à la Révolution française mais réinstauré par Napoléon 1er. La vente du tabac est aussi très réglementée et les gérants des débits de tabac ne sont pas des commerçants comme les autres. Ils sont considérés comme étant des « préposés » de l’administration, font l’objet d’une enquête de moralité, doivent suivre une formation et vendre aux prix imposés par l’Etat.

carotte tabac nouvelle

Pour revenir au magasin de mon oncle, celui-ci vend son commerce en 1965 à M. Gerst, pour sa fille Christine. Je me souviens qu’elle était une très belle fille et que sa boutique était devenue le lieu de RDV préféré des jeunes, et pas seulement ceux du quartier. M. Gerst était un industriel prospère, connu à Besançon pour la fabrication de valises, rue Plançon à Besançon.

Dès 1965, le débit est revendu à M. Maurice Frison qui le tient jusqu’en 1971.

Mais un événement important se produit alors en 1966 : le bureau de tabac déménage plus haut dans la rue de Belfort, à proximité de la rue Pierre Semard, dans un immeuble qui vient d’être construit avec des commerces en rez de chaussée, le long de la rue de Belfort. L’immeuble comprend des appartements afin, entre autres, de reloger les habitants des maisons avec commerces sur rue, maisons plutôt vétustes qui sont donc démolies. Ce qui explique que la numérotation n’a pas changé : le bureau de tabac reste toujours au 125 de la rue de Belfort !

D ATabac 125 rue de Belfort (2)

Le bureau de tabac actuel (photo A. Prêtre DR)

En 1971, M. Frison quitte ce bureau tabac pour reprendre la droguerie de son père, située plus bas, toujours rue de Belfort.

Droguerie griffon

Mais cette droguerie est une autre histoire… Je m’en souviens également et je vous la conterai bientôt.

Denis Arbey

Denis A 20 portrait actuel (2)

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5 mars 2021

IL Y A UN SIECLE…UN MEURTRE AUX CHAPRAIS…

Comme l’ont relaté les deux quotidiens régionaux de l’époque : Le Petit Comtois et L’Eclair Comtois, ce meurtre s’est déroulé dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 février de l’année 1921.

Voici donc la relation des faits publiés dans L’Eclair Comtois du 1er mars 1921.

crime des chaprais 1 1 03 1921 Pt Comtois

 Eclair Comtois 1er mars 1921

UN MEURTRE

Un homme tué, un autre blessé

Un drame sanglant s’est déroulé dans la nuit de dimanche à lundi, à la sortie du bal Groshenry, aux Chaprais : un jeune homme de 18 ans, a été poignardé, et est mort de ses blessures, un autre, âgé de 15 ans, a été blessé assez grièvement.

Voici ce qui a dû se passer : vers minuit, les nommés Beuchot Roger, 23 ans, demeurant Cité Lacroix, et Deschaux Pierre, 18 ans, 14, Rue de la Cassotte, qui se trouvaient au bal Groshenry, se prirent de querelle, à cause d’une fille, Bersot Alice, 18 ans, domiciliée route de Baume.

Les deux antagonistes sortirent du bal : quelques minutes après, Deschaux rentra et s’affaissa presqu’aussitôt, disant : « Je suis planté ! » ; Il avait reçu un coup de tiers point en pleine poitrine. Transporté à l’Hôpital Saint-Jacques, le blessé est mort presqu’aussitôt. Il avait été frappé à la poitrine et au ventre.

Un nommé Bobilier Émile, 15 ans, un rue de l’Eglise, qui s’était mêlé à la discussion a été, lui aussi, frappé d’un coup de tiers point au côté gauche ; son état quoique sérieux, n’inspire cependant aucune inquiétude pour le moment.

Le meurtrier, Beuchot Roger, a été arrêté dans la matinée de lundi par la police, à son domicile. Il déclara qu’il était ivre, et ne se souvenait de rien. Il a été écroué.

L’enquête établira sans doute, dans quelles conditions, s’est exactement déroulé ce drame navrant.

L’arme qui a servi au meurtrier a été retrouvée lundi matin à 10 m de l’entrée du bal, dans un terrain vague : c’est un affiloir triangulaire, très effilé, long de huit à 10 cm, constituant une arme des plus dangereuses.

Dans l’édition du même jour, le 1er mars 1921, Le Petit Comtois donne quelques renseignements complémentaires. Tout d’abord concernant le meurtrier lui-même qui était mécanicien tourneur habitant une cité à Montrapon.

 

Bien sûr, on remarque que les trois autres protagonistes de ce drame sont tous chapraisiens. À propos du jeune blessé, journaliste du Petit Comtois relate :

Victime de son dévouement

«… C’est à ce moment-là qu’un danseur, le jeune Bobillier Emile, 15 ans et demi, apprenti décolleteur, demeurant 1 rue de l’Eglise, sortant du bal, aperçut Deschaux et Beuchot en train de se colleter… ». Pointe d’humour volontaire ?

Autre précision importante, le lieu où était installé ce bal Groshenry : dans le haut de l’avenue Carnot, à proximité du garage Groshenry existant au n° 49/51 ! Il est indiqué que le bal est séparé de l’avenue par une enceinte et que la querelle a commencé à proximité d’un camion garé contre le mur mitoyen du garage Groshenry.

garage groshenry P C 20 02 1921

Annonce parue dans le Petit Comtois le 20 février 1921 

av carnot n° 49

Le 49 avenue Carnot aujourd'hui

avenue carnot et citroen

L'avenue Carnot autrefois : on aperçoit à droite le garage avec sa pancarte Citroën

Si le jeune blessé Emile est alors rentré chez lui, Pierre Deschaux portait une blessure au ventre : «… un employé du bal, M. Ryard, et M. Gardel, ajusteur, transporteur le blessé au café de Lyon situé non loin de là (rue de Belfort, au coin de la rue de l’Industrie), en attendant l’arrivée des agents avec le brancard-charrette.

Il fut transporté à l’hôpital Saint-Jacques, où il décéda bientôt, sans avoir rien pu dire. »Alice Bersot

A propos du garage et du bal Groshenry, il semble que le garage était tenu par Auguste né en 1874 à Lavernay dans le Doubs ; le bal, lui était  sous la direction de son fils, Marcel, né en 1899 à Lavernay également où le père est déclaré cultivateur.

En quelle année Auguste va-t-il créer son garage à Besançon ? Une petite publicité en fait état en 1920… Et l’entreprise de bal de son fils semble apparaître également en 1920, mais pas avenue Carnot mais pour des fêtes de villages comme Avanne en février, Busy-Larnod en avril. Ou pour des fêtes (la même année 1920) de quartiers de Besançon : Montrapon en mai, Saint-Claude en juin,  Rivotte en octobre.

bal groshenry P C 8 02 1920

bal groshenry P C 18 04 1920

 

 

 

 

 

 

 

 

bal groshenry P C 1 05 1920

bal groshenry P C 6 06 1920

 

 

 

 

 

 

 

bal groshenry P C 3 10 1920

 

Son installation provisoire aux Chaprais, à proximité du garage de son père semble dater de la fin de l’année 1920, puisqu’il est annoncé pour les fêtes de la nouvelle année 1921.

bal groshenry 1 01 1921

Nous reviendrons sur cette question des bals aux Chaprais puisque un des tout premiers est annoncé en 1880. Tandis  que l’un des derniers, au Café Français, rue de Belfort, a, dans les années 30, provoqué quelques problèmes…

Mais revenons à ce meurtre aux Chaprais : jugé dès le mois de juillet 1921, son responsable, Roger Beuchot, fut condamné à…5 ans de prison ! Alors qu’en 1907, un autre meurtrier, à la sortie d’un café, aux Chaprais toujours….fut condamné à 20 ans de travaux forcés. Il est vrai que les circonstances n’étaient pas les mêmes : nous vous en reparlerons…..

JCG

 

 

 

23 octobre 2020

Histoire du Sacré Coeur : 3ème article Les plaques gravées des noms des soldats...

Raooelons que les cloches sont 3 (voir article précédent)....

– Marguerite – Marie, 1200 kg, donne le ré

– Marie – Ambroisine, 950 kg, le fa,

– Geneviève, 650 kg, le sol.

Elles ont été fondues aux établissements Gripon à Brest et leur électrification est réalisée en 1927.

Dans le même temps une opportunité s'offrit d’acheter à la ville, pour 27 000 Fr., l’orgue construit en 1860 pour la chapelle du collège Saint-François-Xavier (actuellement Lycée Pasteur) par le facteur d’orgue bisontin Georges et rénové en 1894 par Henri Didier d’Épinal.

Le maître-autel ne fut mis en place qu’en 1926 les vitraux du cœur en 1931. Le curé note alors dans le « Livre de la paroisse » : «  ils ont jeté beaucoup de vie spirituelle dans un sanctuaire dont l’architecture ne répondait pas entièrement aux pensées religieuses de beaucoup de paroissiens ». Les années suivantes les chapelles latérales reçoivent à leur tour autels et vitraux, parfois grâce aux dons de quelques familles pieuses.

Sur demande de leurs proches ont été gravés sur des plaques de marbre les noms des soldats du diocèse mort pour la France. Enfin selon ses dernières volontés, le cercueil de Mgr. Gauthey est retiré du caveau des archevêques de la cathédrale Saint-Jean pour sa sépulture définitive dans l’église du Sacré-Cœur, objet de son vœu. Ce transfert donne lieu à une émouvante et interminable procession à travers la ville. C’était le 10 juillet 1931. Il repose dans la chapelle Sainte Marguerite–Marie.

En 1935 les travaux de l’église marquent une pause. On estime que l’essentiel est désormais réalisé. L’attention se porte alors sur l’école paroissiale, jusque-là logée chez les Capucins : pour elle on va bâtir sur le terrain de l’immeuble tout proche acheté en 1930 au 12 ru de la Cassotte. C’est l’école Sainte-Colette. Ces travaux vont jusqu’au-delà de la guerre absorber les ressources disponibles. Aujourd’hui l’école a changé de statut (et depuis l’écriture de cet article, a changé également de lieu, cette école ayant été démolie).

La guerre terminée la paroisse connaît à la grande satisfaction du curé Putot, successeur du chanoine Pinondel, une période faste. La population du quartier augmente et rajeunit. Les offices sont très fréquentés. Les travaux reprennent à l’église. En 1958 – 1959 un paroissien, le maître verrier André Seurre, réalise les vitraux non figuratifs des rosaces ; un autre paroissien, l’ébéniste Verdant fabrique les confessionnaux ; les fonts baptismaux sont l’œuvre d’ateliers parisiens mais l’entourage de l’entreprise bisontine Verdet.

La rénovation de la liturgie voulue par le Concile Vatican II conduit, en accord avec la commission diocésaine d’art sacré, alors animé par Lucien Ledeur et Marcel Ferry, un réaménagement complet du chœur de l’église. Le nouvel autel est installé en juin 1967 et consacré le 5 novembre suivant. On y a bien sûr transféré les reliques dont l’église était dotée dès l’origine : reliques de Saint Irénée, des Saints  Ferréol et Ferjeux et de Sainte Marie-Marguerite. En 1973 les peintures intérieures sont entièrement refaites église paraient toutes neuves quand le curé, le Père Charle, accueille l’ archevêque Mgr. LALLIER pour la célébration du cinquantenaire.

 

17 octobre 2020

Histoire du Sacré-Coeur, avenue Carnot: 1er article

HISTOIRE DE L’EGLISE DU SACRE CŒUR

Le texte ci-dessous a été rédigé par Monsieur Bernard Lavillat, à l’occasion du 75e anniversaire de l’église du Sacré-Cœur, en 1998. Il s’est appuyé pour cela sur une documentation conservée à la paroisse et aux archives diocésaines. Il a été publié sous forme d'une brochure  aujourd'hui épuisée.

sacré coeur couverture brochure 001 (2)

 

I - Il y a 75 ans…

 

A-    le vœu de Mgr. GAUTHEY

L’église du Sacré-Cœur a été érigée en l’accomplissement du vœu prononcé pendant la guerre de 1914 – 1918 par Mgr. GAUTHEY, archevêque de Besançon, en reconnaissance de la protection de son diocèse contre les horreurs de l’invasion et pour la victoire de la France. Dans une région où demeurait très vivace le souvenir des exactions subies au cours de l’occupation « prussienne » de 1870 – 1871, se veut ne pouvait que rencontrer une large adhésion.

Mgr

Mgr. GAUTHEY voulait que cette église soit située sur la colline de Bregille afin que levant les yeux, les Bisontins ressentent sa présence et sa protection, comme les Lyonnais de Notre-Dame de Fourvière, les parisiens du Sacré-Cœur de Montmartre. Grâce un don providentiel, le 21 novembre 1916, il réussit à acheter pour 100 000 francs un vaste terrain en arrière du Fort de Beauregard. Aussi, dès le 31 décembre suivant, par lettre pastorale, il annonce « au clergé et aux fidèles de son archidiocèse la construction à Besançon, en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus, d’une église votive de reconnaissance et d’espérance », reconnaissance pour la protection reçue, espérance dans la victoire française. La lettre précisait le lieu de la construction envisagée, les modalités de la souscription lancée pour la financer et donnait en annexe la formule du vœu prononcé le jour même à la cathédrale et auquel chacun était invité à s’associer.

sacré coeur église votive cliché ancien 2

Mgr. GAUTHEY, dans sa lettre, justifier le culte du Sacré-Cœur et en faisait l’historique. Il affirmait qu’au front, beaucoup de nos soldats portaient sur eux son insigne et il faisait allusion à l’active campagne qu’il venait de mener – sans succès mais à la grande colère des autorités civiles attachées à la laïcité de l’État – pour obtenir officiellement l’adjonction de l’emblème du Sacré-Cœur au drapeau tricolore. Mgr. GAUTHEY était en effet, par la parole et par ses écrits, un ardent propagateur de la dévotion du Sacré-Cœur. Né en terre bourguignonne, il avait été supérieur des chapelains de la basilique de Paray-le-Monial, lieu de rendez-vous bien connu des pèlerins qui viennent y honorer Sainte Marguerite-Marie.

 

B-    Etudes et réalisation

Mgr. GAUHEY mourut le 25 juillet 1978 à l’âge de 71 ans, laissant à son successeur, Mgr. HUMBRECHT, le soin de réaliser son vœu.

Mgr_HUMBRECHT_

Déjà des doutes lui étaient venus quant au lieu choisi est une mission d’information dépêchée à Nancy auprès du fondateur de la paroisse du Sacré-Cœur de cette ville l’inclinait à donner à l’église votive le caractère d’une église paroissiale. Mgr. HUMBRECHT, jusque-là évêque de Poitiers qui connaissait Besançon pour y avoir été vicaire général de 1904 à 1911, obtint l’autorisation du pape BENOIT XV pour s’engager dans cette voie. Mais sur le monde Bregille ne vivaient que quelques centaines de personnes et, à proximité, le quartier des Chaprais comptait plus de 11 000 habitants mal desservis du point de vue religieux. Ce quartier – et notamment sa partie basse qui allait devenir la paroisse du Sacré-Cœur – a été longuement gêné par les servitudes militaires qui interdisaient de construire en dur et les difficultés de liaison avec la Boucle (le pont Saint-Pierre date de 1885). Il connaissait, ces handicaps levés, une urbanisation rapide. Les catholiques n’y disposaient que d’une petite église paroissiale transept de l’actuelle église Saint-Martin, ainsi que d’une chapelle, mieux située rue de la Cassotte, abritant depuis 1867 une fraternité de Capucins.

 

Dans un premier temps, on décida de bâtir sur le terrain des Capucins, mais on n’y renonça des difficultés étant apparues : pour construire, il fallait détruire la chapelle Sainte-Colette à laquelle beaucoup de Bisontins étaient attachés.

église sainte colette nov 68

 

Eglise Sainte-Colette du couvent des Capucins rue de la Cassotte (photo B. Faille 1968 RD)

Finalement le chantier s’ouvrit, à peu de distance, entre l’avenue Carnot et la rue de Vittel, sur l’emplacement des serres de l’horticulteur Calame.

calame hort 2 (2)

 

Le vendredi 3 juin 1921, jour de la fête du Sacré-Cœur, archevêque qui, dans sa lettre pastorale du 19 mars précédent avait fait connaître sa décision et relancer la souscription, posait la première pierre de la nouvelle église. Il plaça, dans une petite cavité à la base du piédestal qui supporte la statue de la Vierge au centre du portail principal, un étui de plomb contenant un parchemin et une médaille commémorative de cette cérémonie. Le couvent des Capucins accueillit l’abbé Pinondel, curé de la nouvelle paroisse créée officiellement dès juin 1922, et son vicaire l’abbé Tyrode. C’est dans la chapelle Sainte Colette que la vie paroissiale commença à s’organiser.

Mgr. GAUTHEY avait confié la réalisation de son projet à deux architectes bisontins, Camille Cellard, élève de Ducat le constructeur d’une autre église votive la basilique de Saint Ferjeux, et Maurice Boutterin qui aura plus tard une brillante carrière internationale.

Maurice Boutterin

Après la mort de Mgr. Gauthey, Mgr. Humbrecht écarte le projet Boutterin-Cellard jugé trop ambitieux : il prévoyait une crypte, un logement de sacristain et même un magasin d’objets de piété, mettant ainsi l’accent sur le rôle d’église de pèlerinage. Il confie la maîtrise d’œuvre un architecte parisien, Eugène Guillemenot, « spécialistes pour la construction des églises », le gros œuvre à l’entrepreneur Jean Melk de Vesoul, certains travaux spéciaux comme les voûtes à un « constructeur breveté » la maison Fabre de Paris, les sculptures et l’ornementation un artiste d’origine italienne « membre des académies des beaux-arts de Florence et de Bologne », J. Norfini. Tous sont étrangers à la région ou tout au moins à la ville, ce qui peut s’expliquer par le fait que le nouvel archevêque n’avait pas d’attaches bisontines ou comtoises, mais plus sûrement pour des raisons financières. Les trois projets Boutterin-Cellard étaient chiffrés à 3 700 000,2 000 000 et 1 700 000 francs, ce dernier initialement retenu, alors que le devis de Guillemenot  montait seulement à 993 836 francs.

sacré coeur guillemot architecte (3) cliché ancien

 

A suivre…

17 octobre 2020

Histoire du Sacré Coeur : 2ème article

Un premier article a été publié le 17 octobre dernier. Voici la suite du paragraphe traitant des éTudes et de la réalisation de cette nouvelle église aux Chaprais en 1923...Rappelons que ce texte a été écrit par M. Bernard Lavillat en 1998 afin de célébrer les 75 ans de cette église.

Outre les deux prélats (Mgrs. Gauthey et Humbrecht), personnellement très engagés, le chancelier de l’archevêché, le chanoine Henri Clère, a joué un rôle parfois décisif au cours de ces préliminaires : c’est lui qui sauva au tout dernier moment la chapelle Sainte-Colette de la démolition en proposant et en  négociant l’achat (pour 200 000 francs) du terrain Calame.

Sur le chantier, les travaux avancent vite malgré un hiver rigoureux. Des techniques nouvelles provoquent l’étonnement des badauds et parfois les critiques d’un public vivement intéressé : ainsi le « ciment armé » largement utilisé, y compris pour les poutres de la charpente, ou encore les voûtes de briques creuses sans coffrage. Le décor sculpté n’échappe pas à certains jugements sévères et il faut que la « Semaine religieuse », sous la signature du chanoine Clère, explique aux gens pourquoi, dans la Cène représentée au-dessus du portail principal, le Christ est surdimensionné par rapport aux apôtres. Mais le bulletin de l’archevêché admet qu’on n’aurait pas dû mettre une barbe au « disciple que Jésus aimait ». Pourtant discrète et harmonieuse avec ses mosaïques dorées, la polychromie de la façade ne fit pas l’unanimité, mais on ne discuta pas la statue monumentale (2,80 m) du Christ bénissant, et on remarqua que les chapiteaux des colonnettes roses du tympan étaient tous différents.

Fin février 1923, pour l’essentiel, la construction est terminée. Il avait fallu 23 mois de travaux seulement. Le dimanche 11 mars l’église est bénite et inaugurée par le vicaire général Boucher. La cérémonie solennelle de la consécration a lieu le 8 juin 1923, fête du Sacré-Cœur, par les soins de Mgr. Humbrecht en présence de plusieurs prélats originaires du diocèse, le cardinal TOUCHET, évêque d’Orléans, l’évêque de Carcassonne Paul de BEAUSEJOUR, le futur évêque de Nice, Paul REMOND, alors évêque « in partibus » de Clisma et aumônier de l’armée du Rhin.

mgr Remon source ajpn

 

Mgr. Paul Remond qui est déclaré Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des enfants juifs à Nice (photo ajpn)

Le rituel long et complexe prend toute la matinée dès 7h30 mais la ferveur d’une foule considérable ne se dément pas. Elle apprécie la prestation des chorales du grand Séminaire et de la Maîtrise, et revient encore pour les vêpres…

 

II – L’église du Sacré-Cœur : une création continue

           Pour la cérémonie de sa consécration l’église avait été abondamment décorée de plantes vertes et de fleurs. Cette profusion de décor végétal et aussi les nombreux drapeaux permettaient d’atténuer l’impression de nudité et de froideur due à un aménagement intérieur inachevé, mais aussi au style romano-bisontin auquel les fidèles n’étaient pas habitués.

           L’équipement et l’aménagement intérieur se déroule en deux temps. Le premier couvre une dizaine d’années sous l’impulsion du Père Pinondel. C’est d’abord l’installation des cloches.

En quelques lignes, l'auteur de cette brochure, M.Lavillat évoque ces cloches. Or, nous avons, avec M. Alain Prêtre, chapraisien, auteur du reportage photographique sur ces cloches, recueilli des renseignements complémentaires que nous portons à votre connaissance :

 

La bénédiction des cloches donna lieu à une grande cérémonie le dimanche 27 avril 1924. Le quotidien local, L'Eclair Comtois, a rendu compte de cet événement dans son édition du 28 avril 1924 ( à noter que  le quotidien Le Petit Comtois, journal très anti-clérical, et La Dépêche Républicaine de Franche-Comté, sauf erreur de notre part, n'ont dit mot sur cette bénédiction).

 

                                                     bénédicrion des cloches manchette éclair comtois

 

Voici un extrait de cet article publié par L'Eclair Comtois.

 

cloches S C éclaire comtois 2

                                                     

"Une cérémonie touchante et que l'on voit assez rarement s'est déroulée dimanche matin, en l'église votive du Sacré-Coeur, sous la présidence de Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht, Archevêque de Besançon, celle de la bénédiction des cloches de la nouvelle Paroisse des Chaprais.

La cérémonie était fixée à 8h45, mais bien avant cette heure, les fidèles arrivaient si nombreux que bientôt le vaste sanctuaire fut trop petit pour contenir le flot sans cesse montant des paroissiens qui ne voulaient pas manquer d'assister à la touchante cérémonie qu'est une bénédiction, un baptême des cloches.

Grâce à un service d'ordre parfaitement conduit par des jeunes et dévoués paroissiens chacun put cependant trouver une place et l'église du Sacré Coeur était archi comble quand Sa Grandeur Monseigneur l'Archevêque fit son entrée et la cérémonie commença aussitôt selon les rites usuels toujours si impressionnants.

Depuis plusieurs jours, ainsi du reste que L'Eclair Comtois l'avait annoncé, les trois cloches qui bientôt prendront place dans les tours, pour animer la vie paroissiale, étaient exposées à l'entrée du choeur du Sacré-Coeur, sur l'échafaudage ad-hoc, à la place de la table de communion qui avait été enlevée pour la circonstance"...

 

cloches S C photo 3

Photo publiée dans la brochure

Sont ensuite données quelques précisions concernant ces trois cloches.

La première cloche pèse 1 200 kg et donne le "ré dièse".

                                                  cloche sacré coeur 5

 

                                                  cloche sacré coeur 2

Une inscription latine est portée sur ses flancs, traduite ainsi par le journal :

" Le Christ triomphe

Le Christ règne

Le Christ gouverne 

Que le Christ me préserve de tout mal

Cette cloche

qui se nomme MARGUERITE-MARIE

a été dédiée au sacré coeur de Jésus

par Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht

Archevêque de Besançon

en présence de M. Jean Dalloz, parrain,

et de dame Hermine Charrière

veuve de M. Albert Eugène Garnier

marraine

et aussi de MM. F. Pinondel, curé

et L. Tyrode, vicaire

le 27 avril 1924

En souvenir de M. Albert Augène Garnier

la cloche sonne

L'Ange vous appelle. Le Christ commande

Répondez et vous serez sauvé ".

 

cloche sacré coeur 4

 

 La 2° cloche pèse 950 kg et donne la note "Fa".

 

                                          cloche sacré coeur 3

 

Et sur ses flancs sont notés les noms des parrains M. Pierre Jacobé, de la marraine, Dame Marie-Thérèse Le Mire et elle a été baptisée MARIE-AMBROISINE.

La 3° pèse 650 kg et donne la note "Sol".

 

                                        cloche sacré coeur 1          

  

Parrain : M. Jules P. M. Grosperrin, son épouse Dame Marguerite-Marie Dromard étant sa marraine. Nom de baptême GENEVIEVE. relevons tout de même cette inscription sur ses flancs :

"J'appelle les hommes d'armes

J'annonce les jours

Je marque les heures

Je chante les fêtes

Je pleure les deuils

J'écarte les orages".

Ces trois cloches ont été fondues à Brest dans les établissements de M. Gripon.

Relevons également que la cérémonie se termina à 11 heures ! Car selon le rituel religieux elles ont été l'objet d'une bénédiction de sel et d'eau, d'un lavage et d'un enfumage,en dessous, avec encensoirs. Puis, discours de Mgr Humbrecht. A la fin de la cérémonie parrains et marraines ont distribué des dragées tandis que l'on revêtait chaque cloche d'une robe de satin blanc avec des rubans de couleur différente pour chacune d'elles.

Un excellent site à consulter sur les cloches comtoises : https://clochescomtoises.com

https://clochescomtoises.com/

Photos des cloches Alain Prêtre (DR).

à suivre.....

 

à suivre

17 octobre 2020

Les établissements SARDA, fabrique d'horlogerie de précision : 1er article

 Nous avons reçu ce texte écrit par M. Patrick DEGOIRAT,arrière petit-fils de Hyacinthe SARDA  retraçant avec précision et érudition, l'histoire de cette fabrique d'horlogerie installée dans notre quartier, avenue Carnot. Nous l'en remercions vivement!

Hyacinthe SARDA (1) est né le 10 février 1869 à Prades dans les Pyrénées Orientales, dans une famille où l’on est « maréchal-ferrant » de père en fils depuis trois générations. 

SARDA Hyacinthe 3

Engagé volontaire le 10 mars 1890, il intègre le 10ème Bataillon d'Infanterie de Forteresse en garnison à Besançon. Excellent réparateur, ses copains de régiments lui confient leurs montres et après ce seront les réservistes qui profiteront d'une période pour lui faire effectuer quelques petits travaux. L'armée venait malgré elle de lancer un des grands du métier.

Besançon est alors la Capitale de l'Industrie Horlogère Française.

En 1893 il s'installe au rez-de-chaussée d'un immeuble, situé au 33 quai Veil Picard et 1 rue Marulaz, dont il réserve trois pièces pour son atelier d'horlogerie « Au Régulateur » où en plus de la réparation il se consacre également à la fabrication et propose ses services à ses anciens clients et amis dont il a sagement noté toutes les adresses. Rapidement pour développer son affaire et récupérer la totalité du logement pour s'agrandir, il part habiter quelques mois dans une maison cossue, quartier de la Grette, mais les allées et venues étant fastidieuses en raison des moyens de transport de l'époque (il devait se déplacer en calèche), il saisit l'opportunité de la libération de deux appartements contigus à l'étage au dessus du magasin pour les relier et résider sur place avec sa famille. 

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Le magasin qtai Veil Picard

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L'intérieur du magasin du quai Veil Picard

Plus tard l'affaire ayant pris de l'importance, Hyacinthe travaille avec ses deux fils, Robert et Roger, et compte plusieurs employés.

L'année 1929 marque un tournant décisif. Roger et sa femme font construire un immeuble au 21 avenue Carnot, qui devient en 1930 le siège social des Etablissements Sarda qui emploient dorénavant une cinquantaine de personnes. Le rez-de-chaussée est occupé par les bureaux des services commerciaux, le salon de vente, la salle des stocks et préparation des commandes, la salle des expéditions, le premier étage par les ateliers, les bureaux du Directeur, du Fondé de Pouvoir, du Comptable, le deuxième étage etant réservé à l'appartement privé de Roger. 

Hyacinthe et Robert continuent de tenir le magasin quai Veil Picard, le premier jusqu'à son décès le 27 mars 1941, le second jusqu'en mai 1961, date à laquelle les deux frères cessent leur activité et cèdent les Etablissements Sarda à Difor. 

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La Maison Sarda compte parmi les précurseurs non seulement de la Vente par Correspondance (elle est alors la deuxième plus importante société de Vente par Correspondance dans ce domaine à Besançon, juste derrière la Maison Tribaudeau) mais aussi de la Vente Directe. En effet en tant qu’horlogers « producteurs » de la plupart de ses modèles, les Etablissements Sarda sont bien placés pour la Vente en Gros, mais la firme est surtout constituée pour la fabrication soignée et la Vente Directe aux usagers, des montres, chronomètres et chronographes qui bénéficient de prix très avantageux, 30 à 40% inférieurs à ceux pratiqués dans le détail, et à qualité égale.

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Mais l’activité commerciale de la société ne se limite pas à la production des Montres et s’étend aussi aux articles de Grosse Horlogerie (régulateurs, carillons, horloges de parquet, pendules murales et à poser, réveils, garnitures de cheminées…), de Bijouterie-Joaillerie (alliances, bagues, bracelets, chevalières, colliers, médailles…), Orfèvrerie (tous articles en argent 1er titre, métal argenté et acier inrouillable) et Divers (stylos, jumelles, phonos, appareils photos…).

La société vend, soit sur place à Besançon, soit par correspondance, à l’aide d’un Catalogue de Montres et d’un Album « Rayons Annexes » (Grosse Horlogerie, Bijouterie-Joaillerie, Orfèvrerie et Divers), édités chaque année.

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Elle a aussi fait réaliser un grand nombre de cartes postales gratuites pour la correspondance, en noir et blanc, représentant différents quartiers ou monuments de Besançon, avec les inscriptions, « Fabrique de Montres et Chronomètres H. SARDA, à Besançon (Doubs) » et « Demandez les nouveaux catalogues illustrés de plus de 250 modèles de montres », ainsi que des cartes postales avec une publicité sur les Montres Sarda au recto et l'adresse de la société pour la demande des catalogues au verso. 

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Elle fait paraître également de nombreuses publicités dans différentes revues: l’Illustration, Pénélope Magazine, le Journal des Instituteurs, Je Sais Tout, l’Almanach Vermot, l‘Almanach Hachette, le Chasseur Français…

Elle fait en plus de la réclame sur des couvertures de carnets de timbres, sur des enveloppes postales et des buvards.

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A suivre

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Histoires des Chaprais
  • Les Chaprais intégrés à la cité, ne sont pas un village mais un quartier de Besançon (les élus parleront de banlieue jusqu'à la fin du XIX° ...). Nous vous raconterons l'Histoire des Chaprais, de la petite comme de la grande et évoquerons son patrimoine
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