La maison Calame, 14 avenue Carnot
Il y a peu de chances que vous ayez connu cette maison Calame, en fait une entreprise d'horticulture située avenue Carnot. En effet le terrain et ses serres ont disparu en 1920 lorsque le terrain a été à l'archevêché afin d'y construire l'église votive du Sacré Coeur qui sera inaugurée en 1923 après 20 mois de travaux seulement ! Voir à ce sujet l'histoire de cette église publiée sur ce blog.
Si aux archives municipales, nous trouvons trace de la constitution de la société d'horticulture Calama qui associent, en 1908, les deux frères Georges et Raoul, il semble difficile de dater la constitution de cette maison.
Lors des fêtes de l'agriculture en août 1906, M. Calame obtient un grand diplôme d'honneur et une médaille de vermeil.
Le Petit Comtois 5 août 1906
Le Petit Comtois, dans un article paru au lendemain de ces fêtes, rapporte :
"../.. C'est une véritable moisson de fleurs que M. Calame nous montre dans ce concours agricole. Dans quel champ merveilleux a-t-il récolté cette gerbe éclatante ? Les épis de glaïeuls se pressent, s'élancent et s'épanouissent, tel un feu d'artifice en ses multiples couleurs. La collection est complète. Il y en a de blancs purs lavés de rose ou de mauve à côté de rouges vifs ou de pourpres profonds. C'est un enchantement de couleurs. Et que dire de cette belle gerbe liée de gaze rouge qui s'épanouit dans un parterre de fleurs rares..
../..Tout cet ensemble remarquable d'harmonie fait le plus grand honneur à l'ingénieux horticulteur M. Calame et aussi au goût exquis de ses employées qui ont su mettre une idée dans ce décor et allié ce groupement léger de feuillage de fleurs et de gaze".
Le Petit Comtois 7 août 1906
Il doit s'agir de Georges, puisque lors de la constitution de la société, 2 ans plus tard, il est précisé que c'est lui qui apporte les terrains. Raoul, son frère, est cependant domicilié à la même adresse que Georges au 14 de l'avenue Carnot.
Une publicité parue en 1912 indique que ces établissements horticoles existent depuis 1830 ! Le pluriel indique-t-il qu'il existe plusieurs terrains?
Publicité parue dans l'Eclair Comtois du 19 Mai 1912
Mais il ne semble pas que ce soit les Calame qui les ont créés. Rappelons qu'en 1830, les Chaprais sont fort peu peuplés. Les nécessités de la défense de Besançon, assiègée en 1814 par les autrichiens, ont entraîné la destruction des 24 maisons existantes nous précise Gaston Coindre dans "Mon vieux Besançon". Ce secteur hors les murs de la ville, irrigué par le ruisseau Fontaine-Argent est déjà le domaine des maraîchers. Mais il faudra attendre la construction du pont de Fil de fer, en 1837, (pont de la République actuel) pour que ces lieux commencent à se développer.
Donc, si le commerce semble prospère, la mort de Georges Calame, à 66 ans, en 1913 a, semble-t-il pesé dans la vente des terrains quelques années plus tard afin d'y édifier l'église du Sacré Coeur.
Ces terrains seront vendus au prix de 200 000 francs de l'époque ce qui représente actuellement la somme de quelques 188 000€.
Raoul poursuivra le commerce de graines : tout d'abord 22-24 place de la Révolution comme l'atteste l'annuaire Fournier de 1936 puis au n°7 de l'avenue Carnot, si l'on en croit cette annonce parue dans Le Petit Comtois du 1er décembre 1940. Ce commerce est toujours notifié dans l'annuaire Fournier de 1946, à cette même adresse du 7 avenue Carnot. Quand a-t-il disparu? Nos lecteurs pourront peut-être nous le préciser....
Reste, de cette époque et de cette entreprise d'horticulture, la maison à ossature bois, devenue la cure de la paroisse du Sacré Coeur.
La maison Calame aujourd'hui (photo A. Prêtre DR)
JCG