Histoire du Sacré Coeur : 2ème article
Un premier article a été publié le 17 octobre dernier. Voici la suite du paragraphe traitant des éTudes et de la réalisation de cette nouvelle église aux Chaprais en 1923...Rappelons que ce texte a été écrit par M. Bernard Lavillat en 1998 afin de célébrer les 75 ans de cette église.
Outre les deux prélats (Mgrs. Gauthey et Humbrecht), personnellement très engagés, le chancelier de l’archevêché, le chanoine Henri Clère, a joué un rôle parfois décisif au cours de ces préliminaires : c’est lui qui sauva au tout dernier moment la chapelle Sainte-Colette de la démolition en proposant et en négociant l’achat (pour 200 000 francs) du terrain Calame.
Sur le chantier, les travaux avancent vite malgré un hiver rigoureux. Des techniques nouvelles provoquent l’étonnement des badauds et parfois les critiques d’un public vivement intéressé : ainsi le « ciment armé » largement utilisé, y compris pour les poutres de la charpente, ou encore les voûtes de briques creuses sans coffrage. Le décor sculpté n’échappe pas à certains jugements sévères et il faut que la « Semaine religieuse », sous la signature du chanoine Clère, explique aux gens pourquoi, dans la Cène représentée au-dessus du portail principal, le Christ est surdimensionné par rapport aux apôtres. Mais le bulletin de l’archevêché admet qu’on n’aurait pas dû mettre une barbe au « disciple que Jésus aimait ». Pourtant discrète et harmonieuse avec ses mosaïques dorées, la polychromie de la façade ne fit pas l’unanimité, mais on ne discuta pas la statue monumentale (2,80 m) du Christ bénissant, et on remarqua que les chapiteaux des colonnettes roses du tympan étaient tous différents.
Fin février 1923, pour l’essentiel, la construction est terminée. Il avait fallu 23 mois de travaux seulement. Le dimanche 11 mars l’église est bénite et inaugurée par le vicaire général Boucher. La cérémonie solennelle de la consécration a lieu le 8 juin 1923, fête du Sacré-Cœur, par les soins de Mgr. Humbrecht en présence de plusieurs prélats originaires du diocèse, le cardinal TOUCHET, évêque d’Orléans, l’évêque de Carcassonne Paul de BEAUSEJOUR, le futur évêque de Nice, Paul REMOND, alors évêque « in partibus » de Clisma et aumônier de l’armée du Rhin.
Mgr. Paul Remond qui est déclaré Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des enfants juifs à Nice (photo ajpn)
Le rituel long et complexe prend toute la matinée dès 7h30 mais la ferveur d’une foule considérable ne se dément pas. Elle apprécie la prestation des chorales du grand Séminaire et de la Maîtrise, et revient encore pour les vêpres…
II – L’église du Sacré-Cœur : une création continue
Pour la cérémonie de sa consécration l’église avait été abondamment décorée de plantes vertes et de fleurs. Cette profusion de décor végétal et aussi les nombreux drapeaux permettaient d’atténuer l’impression de nudité et de froideur due à un aménagement intérieur inachevé, mais aussi au style romano-bisontin auquel les fidèles n’étaient pas habitués.
L’équipement et l’aménagement intérieur se déroule en deux temps. Le premier couvre une dizaine d’années sous l’impulsion du Père Pinondel. C’est d’abord l’installation des cloches.
En quelques lignes, l'auteur de cette brochure, M.Lavillat évoque ces cloches. Or, nous avons, avec M. Alain Prêtre, chapraisien, auteur du reportage photographique sur ces cloches, recueilli des renseignements complémentaires que nous portons à votre connaissance :
La bénédiction des cloches donna lieu à une grande cérémonie le dimanche 27 avril 1924. Le quotidien local, L'Eclair Comtois, a rendu compte de cet événement dans son édition du 28 avril 1924 ( à noter que le quotidien Le Petit Comtois, journal très anti-clérical, et La Dépêche Républicaine de Franche-Comté, sauf erreur de notre part, n'ont dit mot sur cette bénédiction).
Voici un extrait de cet article publié par L'Eclair Comtois.
"Une cérémonie touchante et que l'on voit assez rarement s'est déroulée dimanche matin, en l'église votive du Sacré-Coeur, sous la présidence de Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht, Archevêque de Besançon, celle de la bénédiction des cloches de la nouvelle Paroisse des Chaprais.
La cérémonie était fixée à 8h45, mais bien avant cette heure, les fidèles arrivaient si nombreux que bientôt le vaste sanctuaire fut trop petit pour contenir le flot sans cesse montant des paroissiens qui ne voulaient pas manquer d'assister à la touchante cérémonie qu'est une bénédiction, un baptême des cloches.
Grâce à un service d'ordre parfaitement conduit par des jeunes et dévoués paroissiens chacun put cependant trouver une place et l'église du Sacré Coeur était archi comble quand Sa Grandeur Monseigneur l'Archevêque fit son entrée et la cérémonie commença aussitôt selon les rites usuels toujours si impressionnants.
Depuis plusieurs jours, ainsi du reste que L'Eclair Comtois l'avait annoncé, les trois cloches qui bientôt prendront place dans les tours, pour animer la vie paroissiale, étaient exposées à l'entrée du choeur du Sacré-Coeur, sur l'échafaudage ad-hoc, à la place de la table de communion qui avait été enlevée pour la circonstance"...
Photo publiée dans la brochure
Sont ensuite données quelques précisions concernant ces trois cloches.
La première cloche pèse 1 200 kg et donne le "ré dièse".
Une inscription latine est portée sur ses flancs, traduite ainsi par le journal :
" Le Christ triomphe
Le Christ règne
Le Christ gouverne
Que le Christ me préserve de tout mal
Cette cloche
qui se nomme MARGUERITE-MARIE
a été dédiée au sacré coeur de Jésus
par Sa Grandeur Monseigneur Humbrecht
Archevêque de Besançon
en présence de M. Jean Dalloz, parrain,
et de dame Hermine Charrière
veuve de M. Albert Eugène Garnier
marraine
et aussi de MM. F. Pinondel, curé
et L. Tyrode, vicaire
le 27 avril 1924
En souvenir de M. Albert Augène Garnier
la cloche sonne
L'Ange vous appelle. Le Christ commande
Répondez et vous serez sauvé ".
La 2° cloche pèse 950 kg et donne la note "Fa".
Et sur ses flancs sont notés les noms des parrains M. Pierre Jacobé, de la marraine, Dame Marie-Thérèse Le Mire et elle a été baptisée MARIE-AMBROISINE.
La 3° pèse 650 kg et donne la note "Sol".
Parrain : M. Jules P. M. Grosperrin, son épouse Dame Marguerite-Marie Dromard étant sa marraine. Nom de baptême GENEVIEVE. relevons tout de même cette inscription sur ses flancs :
"J'appelle les hommes d'armes
J'annonce les jours
Je marque les heures
Je chante les fêtes
Je pleure les deuils
J'écarte les orages".
Ces trois cloches ont été fondues à Brest dans les établissements de M. Gripon.
Relevons également que la cérémonie se termina à 11 heures ! Car selon le rituel religieux elles ont été l'objet d'une bénédiction de sel et d'eau, d'un lavage et d'un enfumage,en dessous, avec encensoirs. Puis, discours de Mgr Humbrecht. A la fin de la cérémonie parrains et marraines ont distribué des dragées tandis que l'on revêtait chaque cloche d'une robe de satin blanc avec des rubans de couleur différente pour chacune d'elles.
Un excellent site à consulter sur les cloches comtoises : https://clochescomtoises.com
https://clochescomtoises.com/
Photos des cloches Alain Prêtre (DR).
à suivre.....
à suivre