Lorsque le Consulat d’Italie était aux Chaprais…
Qui se souvient encore que le Consulat d’Italie fut un temps installé aux Chaprais ? Cela date d’avant la seconde guerre mondiale cat nous avons trouvé des adresses autres comme en 1902 où il était 41 Grande Rue ou plus tard, rue Pasteur. Il faut préciser que ce consulat est créé dès 1872 à Besançon, alors que l’on n’y compte que 166 italiens en 1876 et environ 200 en 1888.
Et c’est Anne-Laure Charles qui nous révèle cet événement historique dans sa thèse de doctorat Besançon à travers la Seconde Guerre Mondiale soutenue avec succès en février dernier : Le 10 juin 1940, date de la déclaration de guerre de l'Italie à la France, des incidents se produisent à Besançon dont la mise à sac du consulat d'Italie installé.... 15 rue Suard dans une petite maison. Les bureaux sont au rez de chaussée et l'appartement du consul M. Stivanin est au premier étage. La population italienne de Besançon est estimée alors à 1 200 personnes.
Si cet événement fit grand bruit au niveau de la préfecture, par contre la presse locale n’en souffle mot.
Les violences ont commencé vers 20h30 devant le poste de police de la Madeleine : un homme qui est pris pour un italien est passé à tabac. Puis, rue de Pontarlier un café tenu par un ressortissant italien a les vitres brisées de même le magasin de mode Nanncini 61 rue des Granges.
Le rapport de police est daté du 11 juin 1940 rapporte la doctorante. Il indique également :
« A 21h25, une masse de 500 personnes environ en majeure partie composée de jeunes gens, la plupart excités, survenait du centre de la ville et se portait délibérément à l’avant du premier barrage, tout en chantant la Marseillaise et en poussant des cris hostiles à l’Italie. »
Anne-Laure Charles relève :
« Après ces débordements du 10 juin, les portes de cette maison sont restées ouvertes sans que des scellés y soient posés. Requis par Sylvio Baroni, chargé d’affaires par le gouvernement italien, l’huissier près le Tribunal de première instance, Maussire, procède le 30 août au constat des dégâts. En résumé du procès verbal, les clôtures, dalles en pierre de taille, grilles, volets, portes et vitres sont été ravagés et sont dispersés dans la cour. En accédant aux bureaux, l’huissier constate « le plus grand désordre » : des documents ont été déchirés, souillés et jetés pêle-mêle, le matériel (encrier, meubles, classeurs, porte plume, machines à écrire, etc.) saccagés, les vitres brisées et le tuyau d’eau tordu et arraché. Les appartements privés au premier étage ont leurs fenêtres et vitrerie brisées, les meubles sont ouverts, et les lots, qui semblent avoir été récemment occupés, sont souillés. » rapporte dans sa thèse Anne-Laure Charles.
Il est vrai que dès le 16 juin 1940, Besançon était occupée par l’armée allemande.
Les dégâts sont estimés au final à 58 748 francs dont la disparition d'une somme de 1 850 francs. La liste des biens volés ou détruits est dressée avec précision.
Après beaucoup d'échanges administratifs, la ville réglera la somme de 55 000 francs le 19 avril 1942.
Le consul sera relogé provisoirement au 13 rue Suard. Puis, ensuite au 24 avenue Carnot avant sa suppression, semble-t-il, en 1947.
Paru dans Le Petit Comtois du 21/01/1941
JCG